Des silhouettes cousues sur toile apparaissent et prennent vie dans un monde où les roses sont remplacés par les épines, les oiseaux par les serpents et l’humanisme par le terrorisme… Des silhouettes exprimant des états d’âme où le corps et le vêtement sont confondus…
En tant que plasticienne, je me suis mis dans la peau d’un styliste et j’utilisais les ciseaux pour couper le tissu collecté dans les magazines, mètre à ruban, épingles, fils et aiguille pour coudre les modèles sur la toile du peintre.
Jean Lancri écrivait dans le catalogue de l’exposition « Barcha », « Houda Ghorbel allonge démesurément ses toiles selon un axe vertical, telles d’insolites colonnes vertébrales. Elle en fait des lits dressés vers le firmament, vers des « ciels » de lits. Des lits propices aux rêves ; où cohabitent animal et végétal, fleurs et feuillages, fils et dessins, coulures et coutures. Des lits où l’artiste a couché de multiples fragments du « grand corps malade » de la nature afin qu’une transe soit à même de s’y faufiler : pour les coaguler, ces vertèbres disparates, en colonnes ascendantes. Pour les transcender dans une « transvertébration » tendue telle une adresse au ciel. »