Houda Ghorbel
« Une sorte d’enfer terrestre transperce la croûte et s’incruste dans le paysage de la galerie. Onze têtes défoncées flottent dans les airs, soutenues chacune par un labyrinthe de canalisations noires. Le tout faisant office d’allégorie contemporaine.
Chaque tête clame une douleur évidente ou silencieuse à travers des traits défaits et meurtris ou des trous à la place des sens traduisant des brèches dans leurs âmes. Il s’en dégage un sentiment d’intrigue et de désolation.
Une facette effroyable de notre société que l’artiste a voulu exprimer de ses moyens et avec ses yeux.
Avec un système qui pousse vers une consommation démesurée et un contexte politique favorisant un cannibalisme économique moderne, les individus sont réduits à des marionnettes. Soumis d’une part aux emprises des médias et d’autre part aux traditions, ils voient leurs pensées canalisées malgré eux vers un sens unique. Le système éducatif, censé jouer le rôle d’éveil puis d’outil efficace d’analyse et de développement vers l’esprit critique et l’indépendance intellectuelle, est limité à un bourrage de crâne tout à fait volontaire.
Des citoyens manipulables, aux esprits nourris de déchets et de saletés au quotidien, de quoi faire chavirer de cupidité les cœurs des décideurs les plus pourris. Ils distribuent à tout va leurs jolis mots comme des fleurs qu’on jette et qui se fanent avant même d’atteindre le sol.
Les individus souffrent souvent, en dépit de leurs diversités, des mêmes maux. Leurs malheurs sont contagieux et leurs frustrations s’agrandissent avec les contradictions et l’ignorance. Certains explosent et entrainent avec eux un bout de misère et de morts, d’autres implosent et essayent d’apprivoiser l’image que renvoi leurs miroirs. »
Texte écrit par Neila Mhiri