Houda Ghorbel
« Au garde-à-vous, petits soldats, l’obéissance est notre exigence. Faites allégeance, car autrement, votre assujettissement n’est pas une option et cela ne sera pas sans souffrance.
Les têtes des sept soldats accrochés au mur, prennent naissance au berceau de l’humanité par les canalisations noires et souillées. Au garde à vous, leurs servitudes n’est pas sans conséquences sur leurs vies. Leurs crânes tranchés en deux dévoilent deux facettes d’un même visage, l’une est tranquille et lisse, l’autre meurtrie et défigurée. Le diagnostic est sans appel de la schizophrénie dont souffre notre société.
Tiraillés entre un système exigeant compétences, surpassements et succès financiers favorisant l’individualisme et entre des traditions basées sur le respect exagéré des codes familiaux et sociétaux ; les individus souffrent et somatisent.
L’ouverture imposée par la mondialisation et subie comme la foudre dans un ciel auparavant fermé par les restrictions religieuses et traditionnelles nous ballotte au large d’une crise identitaire profonde.
Éternels insatisfaits, boostés par les dictas du capitalisme, chacun se soumet à la discipline du système mal rodée et voit naître en lui un soldat inconscient de sa condition mais désemparé par les nombreuses contradictions.
Dans le rang de ces soldats, une ouverture positive est déchiffrée à travers le nombre de sept, choisi judicieusement par l’artiste comme symbole de porte-bonheur. Une note finement recherchée d’un avenir incertain et peut être plus prometteur. »
Texte écrit par Neila Mhiri