Houda Ghorbel
« Toujours sur le piédestal, le voile s’impose comme un sujet de choix pour créer la diversion ou encore la débâcle au nom de la religion. Pour ou contre, obligatoire ou non, les avis divergent et les arguments affluent des deux sens comme un torrent de bêtises inutiles.
L’artiste a installé trois têtes de femmes voilées d’âges différents. A travers leurs traits figés et inexpressifs, chaque sculpture dégage en silence un mélange de patience et de résistance face à une violence aux divers visages.
Je suis cette petite fille de quatre ans à laquelle on a imposé toute une idéologie. Ma tête est voilée et mes cheveux sont prisonniers d’un bout de tissu loin des caresses du soleil et des gouttelettes de pluie. Mes convictions sont scellées et mon voile est mon ami pour la vie.
Je suis cette belle jeune femme au voile en dentelle fine qui cache la moitié de mon visage. Ma tare est ma beauté, dont ils ont honte, ou plutôt peur. J’ai accepté que l’on m’occulte et que l’on me cache par obligation sous un régime totalitaire masculin, terrifié à l’idée d’une femme libre. Le silence est ma seule option jusqu’à ce que j’aie assez de courage pour me révolter.
Je suis cette femme, mûre, et mutilée aux impacts de balles au visage et sur l’ensemble de mon crâne. J’ai été tuée par les religieux car j’ai osé émettre des pensées. Mon voile est leurs instruments pour utiliser les armes et détruire mon assurance et mon intégrité en camouflant ma beauté et en dévalorisant mes capacités cérébrales. »
Texte: Neila Mhiri